La fin du XXème siècle est marquée par une réelle prise de conscience de
la nécessité de protéger notre monde de nous-mêmes.
La première moitié de ce siècle a
démontré notre capacité à dévaster le monde dans lequel nous vivons : deux
guerres destructrices comme jamais auparavant, une forêt amazonienne en voie de
disparition, la banquise polaire partant à la dérive et des centaines d'espèces
animales perdues en quelques décennies. Tout cela a mis en évidence le
terrifiant pouvoir de nuisance de l'être humain.
Les animaux nous répondent par la
voie des maladies : vache folle et grippe aviaire sont deux exemples de ce
qu'on "récolte" de nos rapports
avec l'animal quand on joue à l'apprenti sorcier avec la nature.
De fait, c'est par le biais des
conséquences subies que la pédagogie
écologiste se développe. Aux maladies dues aux animaux que nous rendons
malades, nous ajoutons des dérèglements climatiques et des microclimats ou la
destruction d'écosystèmes à des fins commerciales. Tout cela provoque autant de
dégâts dans la flore que dans la faune. Une conscience nouvelle naît de ces
maux que nous nous infligeons.
Notre prétendue supériorité nous
place au sommet de la hiérarchie dans la nature et entraîne un abus de pouvoir
qui nous éloigne de la parenté darwinienne ou même, tout simplement, de la
cohabitation harmonieuse avec la nature pratiquée par les peuples premiers.
Depuis trente ans environ,
scientifiques, artistes et associations écologistes dénoncent l'autodestruction
humaine à travers les dérives de la destruction des espèces animales et de la
nature. Au début, ces défenseurs de l'écosystème étaient vus comme des
"annonceurs de l'apocalypse" ou des "militants des causes
perdues". A la fin des années 70, on regardait avec sympathie, mais sans
les croire, les défenseurs des baleines et des phoques, les combattants des
forêts enchaînés aux arbres, les militants couchés sur les voies des trains
acheminant des déchets radioactifs, les associations régionales demandant la
protection des ours et des loups.
Aujourd'hui, les associations
animalières sont soutenues au plan scientifique et financier, et sont
devenues crédibles ; les êtres humains entendent et prennent
conscience du danger que serait la disparition de nos "amies les
bêtes", comme notre orgueil de "bipède pensant" nous plaît à les
nommer.
Le cinéma, aujourd'hui, est
également entré dans la danse de la défense des animaux.
Il y a un demi siècle, l'animal
avait le beau rôle dans les dessins animés ou jouait les figurants dans les
westerns. L'animal était soit le méchant que le héros se chargeait de
maîtriser, soit, plus exceptionnellement, le héros copain des enfants montrant
des talents "humains" (courage, bravoure, tendresse), fruits de
l'amour et de l'obéissance à son maître
Le film animalier vient donner
"la parole" à l'animal en allant dans son univers.
Deux types de documentaires
existent aujourd'hui sur nos écrans : la docu-fiction, des films qui séduisent
parce qu'ils sont présentés comme des fictions animalières, des histoires de
vie plutôt que des documentaires traditionnels. Et les documentaires animaliers
rigoureux, parfois moins attirants, mais plus fidèles dans leur représentation
de la faune réelle.
( Suite )...........
Le
documentaire animalier informe, conscientise, cherche à montrer la
réalité des animaux sans détour. Dans sa sauvagerie, par
nécessité de survie, et dans sa force de vie. La docufiction animalière essaie
inconsciemment de nous rapprocher des animaux en les faisant vivre, sentir et
souffrir "comme des humains". Les histoires sont belles
esthétiquement, avec un début, un milieu et une fin digne d'un feuilleton
de télévision. Avec un ou plusieurs personnages centraux, des "
figurants ", parfois des « méchants ». Il est évident que
tourner avec des acteurs qui ont des griffes, mâchoires à faire blêmir et
peu de patience nécessite plus de travail, patience et ruse technique que
de rester dans l'objectivité panoramique et contemplative de la
description de l'animal dans son environnement naturel. De là le fait que
la docufiction animalière est moins fréquente que le documentaire pur.
De "Microcosmos", pionnier entre autres du documentaire
animalier, à "Félins" on voit la "patte" des
vétérinaires, biologistes, ethnologues, éthologues et différents
scientifiques derrière le travail cinématographique, un mariage "payant"
à tous les égards. Surtout au vu de la lenteur que nécessite un
documentaire (à la différence de la fiction humaine) pour pouvoir voir la
lumière (des écrans). Un précurseur de cela était Jacques-Yves
Cousteau : avec son "Monde du silence" le commandant a gagné la
reconnaissance publique, le soutien de plusieurs associations et par la
même occasion des prix à Cannes et l'Oscar aux U.S.A. La violence de
certaines scènes fait partie des différences avec la docufiction animalière qui
essaie de toucher les humains dans leur sensibilité plutôt que de les
conscientiser par le choc de la réalité (hélas, juste) des dérapages humains.
Massacres, exploitations, déformations génétiques sont présentes dans certains
documentaires. Mais, si nous parlons des documentaires à grand budget comme
ceux tels que "Un jour sur terre", "Océans” “La famille
Suricate", "La marche de l'empereur", "La planète
bleue" ou "Le peuple migrateur" on voit chez Perrin,
Honeyborne ou Jacquet un réel désir de montrer la beauté de l'animal pour
sensibiliser le public de manière à le concerner dans sa protection.
La
beauté esthétique comme arme de prise de conscience plutôt que la
culpabilisation par des images réelles, certes, mais terribles.
La
docu-fiction animalière utilise souvent des animaux dressés. Bart, est un des
ours le plus célèbres du cinéma documentaire et en général. Il a joué dans 35
films, entre autres (évidemment) « l'Ours » de Jean-Jacques Annaud.
La docu-fiction doit avoir recours
aux images faites en "laboratoire" (zoo, studio, etc.) autant qu'aux
animaux apprivoisés qu'on fait semblant de mettre dans un espace naturel.
Il s'agit de donner l'illusion
d'une nature sauvage et de réalisme pour toucher le public. Ainsi, dans la
docu-fiction animalière "La citadelle assiégée" ; le réalisateur P.
Calderon a dû faire construire une fourmilière à l'intérieur des studios pour
jouer et filmer le combat des fourmis qui envahissent la citadelle.
Techniciens et biologistes ont
travaillé d'arrache-pied pour créer des morceaux de termitière donner envie
aux termites de terminer le travail et de s'installer en plein centre du
plateau.
Pour finir, n'oublions pas que le
but d'un film est aussi de divertir. Donc, trois facteurs sont nécessaires pour
assurer le succès d'un documentaire animalier : la beauté esthétique, la
puissance affective des images et la surprise de certaines scènes qui montrent des animaux proches de nous, les
humains.
Dans notre prochain numéro, nous
nous proposons de vous parler des autres facettes de la vie animalière et de
leurs rapports avec le cinéma. Par exemple, le dressage des animaux dans le
cinéma et la publicité.
A
bientôt
L'équipe de
Planète Honnête
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