mercredi 6 juillet 2011

AU FIL DU FESTIVAL, LA FEMME





La troisième édition, estivale, du Festival Planète Honnête est terminée, et avec elle, voici venu le temps des bilans pour festivaliers et organisateurs. Avec le fil rouge d'une thématique, qui pour la troisième fois, nous touche, nous l’équipe du festival, et vous touche, vous tous. Fil rouge du festival, la femme et le féminin, l'écologie et l'éco-féminin. Femmes qui se battent pour ne pas être battues, aidées par des insoumises (" Les Super Mémés ", les " Pink Saris ") dans un contexte culturel qui trouve normale la soumission via la violence, la domination masculine, voire l'esclavage. Le combat, ainsi, n'est pas contre l'homme, comme certains mouvements paraissent l'affirmer, sinon contre une mentalité machiste. Le combat des Vandana Shiva, Véronique Jannot ou Fatma Bouvet se situe dans la réaffirmation de la puissance féminine pour l'égalité des droits avec l'homme. Main dans la main pour la terre, et pas poing contre poing. Sinon notre Terre continuerait à subir les conséquences de la désunion de ses enfants.

Au fil du festival, le plaisir de la rencontre et aussi de la conscience que nous apportent ces documentaires. Paroles d'adhésion pour ces femmes, suissesse en Himalaya, française au Tibet, italiennes dans leur propre histoire qui, en définitive, est l'histoire de l'humain, et pas seulement celle des cultures particulières. Paroles de femmes comme Sylvie Simon, qui nous invite à dépasser nos peurs pour devenir "humains et engagés" ; elle nous rappelle aussi, avec la théorie de la masse critique, que le changement de conscience n’est pas le fait du nombre mais d’une minorité agissante dans un
univers fait de résonance.

Ainsi va le festival, vivier de rencontres transversales, propices à la transmission de connaissance.


Les documentaires sélectionnés cette année nous invitent à un voyage à l'étranger… pour dépasser la peur de l'étrange. Le vaudou, le chamanisme, les lieux alternatifs sont des propositions de vie à prendre en compte. Les intégrer dans notre vision du monde nécessite le courage de les voir, ce que les réalisateurs et réalisatrices nous invitent à faire. Au-delà des préjugés, dogmatismes et principes. Puisqu'au-delà il y a aussi des hommes et des femmes, des visions du monde qui nous regardent. Comme ces femmes indiennes, tibétaines ou philippines qui demandent à ”rentrer dans la caméra", ce "paradis occidental". Festival des hommes, aussi, comme la proportion importante de public masculin qui a participé aux débats, exprimant leurs ressentis avec fermeté et cœur, disant comment ils avaient été touchés par ces films représentant : les prostituées, les corps battus des femmes, et les âmes blessées des filles – forcées depuis toujours à servir "au nom de la tradition". Hommes dans le public qui expriment leur adhésion et femmes derrière la caméra qui se battent pour une meilleure place de la femme.

Temps des femmes qui cherchent un foyer et une place dans le monde. Des "Desesperate Housewifes" comme le disait avec humour une festivalière américaine en sortant de la projection du film " Vous êtes servi ". Des "women in chains" comme le déplorait cette autre femme anglaise, face à la solitude dévastatrice de ces petites filles mariées de force. Femmes brésiliennes sans hommes, qui continuent à dire leur joie de vivre, malgré l'aridité de leur vie. Femmes d'Italie dont " La vita trema ", (la vie tremble), sous le poids de décennies de censure et de sexisme politico-social. Femmes du monde entier qui mettent en oeuvre l'écoféminisme pour prendre une place plus active dans le monde : pour elles-mêmes et pour eux aussi.

Avec leurs outils, et pas avec des armes, comme le croient les hommes de pouvoir. Avec la musique comme outil, comme les " Calamity Janes " qui nous ont régalé-es, à la tombée de la nuit. Ou " Les Poulettes " _ mot péjoratif vis à vis d'une femme _ qui devient alors festif dans la bouche de ces chanteuses qui nous ont accompagné-es le dernier soir. Femmes d'ici et d’ailleurs. Femmes qui ne sont pas enchainées, mais au contraire, qui ont construit une chaîne solide, comme c'est le cas de toutes les femmes qui ont pris part à l'organisation du festival. Le fil rouge devient aussi celui de ces Femmes-organisatrices qui ont montré la voie du travail accompli ensemble et pour les autres, avec joie, cohérence et détermination, dans la conscience de l'enjeu de ce qui se transmet, tout au long du festival Planète Honnête.

Notre but, au fil du festival, est abouti. L'homme et la femme ensemble pour la Terre et pour un monde meilleur. D'une manière différente, certes. Mais ensemble et en conscience, c'est cela qui compte pour nous tous et toutes.